Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Fortifications et patrimoine

Le blog de l'Ami du Patrimoine

La casemate d'Èze moyenne corniche

Le Secteur fortifié des Alpes-Maritimes est le secteur le plus puissant des Alpes. Il s'étend sur plus de 100 kilomètres, de la région de Restefond à la mer Méditerranée. Son importance est capitale car le Secteur fortifié couvre notamment la région de Nice, revendiquée par l'Italie fasciste.

Les premières constructions commencent dès 1928 (donc bien avant le vote de la loi Maginot) afin de protéger Nice. Les fortifications ne manquent pas dans ce secteur où abondent les anciens forts Séré de Rivières qui seront intégrés pleinement au nouveau système défensif. A cet effet, un premier fort d'arrêt est érigé à Rimplas, d'autres ouvrages vont suivre, complété par de nombreux avant-postes situés à proximité de la frontière avec l'Italie. 

Les restrictions budgétaires se font sentir et amputent quelques blocs d'ouvrages. La CORF (Commission d'Organisation des Régions Fortifiées) confie la Main d'Œuvre Militaire (M.O.M.) pour réaliser les organisations défensives secondaires de la position principale de résistance.

Avec la mobilisation, les Alpins reprennent la direction de l'organisation défensive. Ainsi, une cinquantaine de casemates spécifique (type SFAM) voient le jour. Leurs missions est de compléter les feux des ouvrages principaux mais très peu d'entre elles seront achevées lors des combats de juin 1940. La casemate d'Èze moyenne corniche en fait partie. Elle est positionnée au niveau de la deuxième ligne de défense du Secteur fortifié des Alpes-Maritimes, tardivement constitué en 1940.

La casemate d'Èze moyenne corniche depuis la route.

Un plan sommaire a permis de restituer le gros œuvre de la casemate, complétée par l'armement prévu, probablement non installé en 1940 et montré à titre indicatif. Pour cela, l'aménagement intérieur est limité à des éléments amovible (caisses, tables) afin de respecter l'état originel de la casemate.

La casemate de plan irrégulier, est construite sur deux niveaux. Son armement est typique des casemates types SFAM à savoir le canon de 25 mm, la mitrailleuse Hotchkiss et le fusil-mitrailleur 24/29 installés avec leurs cuirassements spécifique au secteur.

Focus sur la façade percée d'un créneau pour canon de 25 et un autre pour mitrailleuse.
Créneau FM prenant la route vers la grande corniche en enfilade.

On accède à la casemate par une porte blindée percée par un créneau pour fusil-mitrailleur. Elle mène à une grande pièce comprenant un créneau pour canon antichar de 25 mm, un créneau pour mitrailleuse et un créneau pour fusil-mitrailleur, chacun avec leurs cuirassements spécifique au SFAM. A cela s'ajoute deux goulottes lance-grenades.

La rampe d'accès.
La largeur de la porte blindée suffit à faire passer le canon antichar (largeur : 1,05 m).

L'étage supérieur est le centre névralgique de la casemate où se trouve l'ensemble des organes de tirs.

Vue d'ensemble de l'étage supérieur.

Les deux armes sont installées dans une niche blindée permettant de réduire l'épaisseur de béton à résistance égale. 

L'embrasure du canon de 25 est très simple. Elle est constituée d'un double volet à poignée coulissant dans des glissières boulonnées sur la plaque frontale de la niche. L'embrasure n'étant pas symétriquement disposée dans la niche, les deux volets sont de largeur différente pour s'adapter à la place de coulissement disponible.

Détails de la plaque d'embrasure du canon de 25.

L'embrasure pour mitrailleuse est un peu plus complexe. La mitrailleuse Hotchkiss est installée sur un affût spécifique au secteur se rapprochant à la trémie A2R. L'embrasure est constituée d'une plaque de blindage plane de 45 mm d'épaisseur, à ouverture centrale circulaire dans laquelle venait se positionner la mitrailleuse avec son carter lourd.

La mitrailleuse Hotchkiss en place sur son support.

Ces deux créneaux sont complétés chacun par une goulotte lance-grenades.

Enfin, un créneau pour fusil-mitrailleur dont le but est de prendre en enfilade la route menant à la grande corniche. L'embrasure spéciale était constituée d'un masque cylindrique vertical à pivot. L'axe-pivot était blocable en direction par une roue inférieure donc l'action de serrage en coin augmentait progressivement la friction de l'axe dans son logement.

Le FM sur son support.
L'étage supérieur depuis le créneau pour mitrailleuse.

Une échelle de meunier permet d'accéder au sous-sol servant de dépôt à munitions de la casemate et éventuellement de lieu de repos pour le personnel.

L'étage inférieur de la casemate accessible par une échelle de meunier.
L'étage inférieur sert principalement de lieu de stockage des munitions de la casemate.

 

La casemate est propriété de la commune qui l'utilise comme local technique pour l'entretien de la voirie. La façade étant de plus en plus recouverte par la végétation, elle ne suscite que peu d'intérêt hormis son magnifique cartouche situé au-dessus de la porte d'entrée.

Cartouche donnant des indications sur l'unité ayant construite la casemate (7e génie).
La casemate telle qu'elle se présentait en février 2022.

 

Bibliographie

MARY, Jean-Yves. HOHNADEL, Alain. Hommes et ouvrages de la ligne Maginot Tome 4, Paris, Histoire & collections, 2009.
MARY, Jean-Yves. HOHNADEL, Alain. Hommes et ouvrages de la ligne Maginot Tome 5,  Paris, Histoire & collections, 2009.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article